Le Sang du Sacrifice
Le Sang du Sacrifice
M. Lovisolo a dans sa bibliothèque l’ouvrage « Le Sang du Sacrifice » écrit par Jean Aicard en 1917, Ernest Flammarion éditeur, avec sa traduction anglaise par M. Gunning et traduction italienne par M. S. Lallici. Sur la couverture , on lit ces mots encadrés : AUX NATIONS ALLIES, A RUDYARD KIPLING, A CARDUCCI, A D’ANNUNZIO, A TOLSTOÏ ARMENIE – POLOGNE – AMERIQUE 1917.
Ce poème est dédié (page 1) A la France, à la Belgique, à l’Angleterre, à la Russie, à la Serbie, au Monténégro, à la Roumanie, à l’Italie, au Portugal, à l’Amérique, à tous leurs blessés, à tous leurs morts.
Un envoi : A Paul Gaultier Bien affectueusement Jean Aicard 30Xbre La Garde. Var se trouve au début du livre et le poète termine son oeuvre en français par ces vers dédiés à Solliès-Ville et « l’humble maison » qu’il a été si heureux pouvoir acquérir.
AU SOLEIL DE SOLLIES-LE-VIEUX,
VILLE JADIS, DEJA EN RUINE,
QUE DEPUIS NEUF CENT ANS, DOMINE
SON EGLISE, TEMOIN FIDELE ET PRECIEUX
DES TEMPS DE PRIERE ET DE DISCIPLINE;
AU MILIEU DES GRANDS MURS CROULANTS ET FAMILIERS
QU’AVAIENT BATIS SUR LA COLLINE LES TEMPLIERS;
AU PIED DE LA MAISON DIVINE
QUE TOUCHE MON HUMBLE MAISON; DEVANT LES BEAUTES D’UN VASTE HORIZON,
CE POEME, QUE SYMBOLISE MA PETITE MAISON
APPUYES A L’EGLISE, CE TESTAMENT D’AMOUR FUT REVE, FUT ECRIT,
L’AN TROISIEME DE LA GRANDE GUERRE FRANCAISE ET L’AN MCMXVI
DE J.-C.
Après les poèmes en anglais suivent les pièces A la France par Rudyard Kipling (juin 1913) et la réponse de notre poète à l’Angleterre (juillet 1913 ) en français et en anglais.
Puis « l’Italie et la France » (à Carducci) – « La Marche au tombeau », (à Tolstoï) – Arménie – Pologne – Amérique terminent le livre.
Si notre collectionneur s’est intéressé à cet ouvrage c’est que, il y a quelques temps déjà, il a eu l’occasion d’acquérir une lettre de la main de Mme Paulin Bertrand écrite sous la dictée de Jean Aicard, qui la signera dont il nous en livre la teneur.
18 janvier 1917 La Garde à M.Bienstock
Cher Monsieur Bienstock
je viens de terminer un poème de guerre, dédié aux Alliés, et que je voudrais faire paraître en un volume contenant trois traductions : anglaise, italienne, russe.
Pourriez-vous vous charger de la traduction russe, en prose, bien entendu.
Le poème a 1150 vers. Mon but est de rendre hommage aux nations alliées. Mon titre : le Sacrifice.
Si vous pouvez-vous charger de ce travail, quel délai demanderiez-vous ?
Je dois vous dire que je fais faire ces traductions moi-même, sans avoir prévenu un éditeur.
C’est afin de servir la cause commune que je voudrais paraître en quatre langues. Ce ne sera donc pas, pour les traducteurs, un travail très rémunérateur. Je ne pourrai leur offrir qu’une indemnité au-dessus de leur mérite. Je vous prie de bien vouloir m’indiquer, dans ces conditions et s’il vous convient d’entrer dans mes vues, le chiffre dont vous vous contenteriez ?
Il y a bien longtemps que je ne vous ai rencontré. Les soins à donner à ma santé me retiennent loin de Paris. N’avez-vous plus jamais pensé à Lebonnard que la Comédie Française vient de reprendre?
Croyez, je vous prie, à mes sentiments les meilleurs.
Adresse : La Garde, Var.
De la main d’Aicard…Je vous serre la main Jean Aicard
Jean Aicard voulait donc inclure dans l’ouvrage ses poèmes traduits en langue russe. Or ils n’y sont pas. Seul le titre « Russie » figure à la page 277. Pourquoi ? A la page 278 Aicard nous donne la raison : la traduction du poème en langue russe fut, plusieurs fois, entreprise, et plusieurs fois abandonnée, par divers traducteurs. Enfin réalisé, elle me fut envoyée naguère et ne m’est jamais parvenue. Tout donne à croire qu’elle a disparu dans un naufrage en Méditerranée. Juillet 1917
Notes :
Paul Gaultier (1872-1960) fut le secrétaire Général de l’Union Française, (Association nationale pour l’expansion morale et matérielle de la France) dont Jean Aicard était le Président. Elle comptait parmi ses menbres, entre autres, Emile Boutroux, Ernest Lavisse et Henri Bergson.
J. Wladimir Bienstock (1868-1933) fut un des grands traducteurs du russe en français du début du XXéme siécle, notamment de Tolstoï et de Dostoïevski.