Une visite au Mas de l’Artaude

 Mas de l'Artaude

Le Mas de l’Artaude au Pradet est une propriété qui appartient à F.O.L (Fédération des œuvres laïques) de l’Ardèche. Elle est composée de 5 bâtiments répartis sur un parc de 3ha. Ce centre de vacances accueille de mars à octobre des classes de découverte, des colonies de vacances, ou des séjours pour groupes ou événements familiaux.

La ville du Pradet a rendu hommage au poète Jean Aicard en donnant son nom à la rue où se situe le Mas de l’Artaude. En effet, un lien ténu existe entre cette maison et l’écrivain par l’intermédiaire de son fils. Un fils dont beaucoup ignorent l’existence.

Grâce aux recherches effectuées par notre ami chercheur et collectionneur André Lovisolo, nous pouvons faire un résumé succinct de la biographie de Jacques Michel, Raymond Aicard.

Vue du Mas de l'Artaude

Jean Aicard a 46 ans lorsqu’il rencontre à Paris, Violette Pictet, fille d’un premier mariage du physicien genevois de renom Raoul-Pierre Pictet. Elle n’a que 17 ans. Jean est séduit par cette jeunesse frivole qui se définit comme « une damnée qui apporte le désespoir et la souffrance » et qui déclare aimer le badinage mais lui donner « une affection vraie ». De cette liaison naîtra le 11 décembre 1898, à Carqueiranne, Jacques Michel Raymond Jean Aicard. Violette a 21 ans, Jean 50. Peu à peu, la passion est remplacée par une « pitié affectueuse » chez la jeune femme et une jalousie mêlée de doute et de soupçons chez l’écrivain qui, un jour, a déclaré:

« Le secret des maternités n’est qu’aux mères ». Il en veut à cette femme qui, « calculatrice et froide », s’y est bien prise pour devenir sa maîtresse et fort mal prise pour devenir son épouse. Jean s’en détache et rencontre fort peu ce fils dont certains murmurent qu’il n’en est pas le père ! S’en suivent des échanges acerbes, cyniques sous couvert de la législation parentale de l’époque.

Jean Aicard avoue être « accablé de tant d’outrages que le souvenir en est une barrière infranchissable entre elle et moi et que ce souvenir m’obsède en présence de l’enfant »

Jacques poursuivra des études littéraires. Dans le journal «  Je dis Tout » du 1er septembre 1917, il est fait mention de deux galas de bienfaisance qui seront donnés en matinée et soirée le 6 septembre à la salle Pathé à Toulon. Ils comprendront : « une petite partie littéraire : M. Jacques Aicard, fils de l’académicien, dira son beau poème : « A l’Italie ». Jacques Aicard a 19 ans.

Rue Jean Aicard

A la mort de son père en 1921, Jacques  refusera l’héritage qu’il lui lègue en valeurs et rentes pour la moitié de ses biens.

Deux ans après la mort de son père, Jacques a 25 ans. Il achète le Mas de l’Artaude, le 19 décembre 1923 à Madame Adélaïde Loyer et à sa fille Marie Jeanne Brémond pour le prix de 54 000 francs.

Dans l’acte notarié, il est qualifié «  homme de lettres » et les voisins proches définiront cette maison de « garçonnière » ! En tout cas, le Mas de l’Artaude dominant la côte méditerranéenne, situé dans un espace arboré et à la végétation luxuriante ne pouvait être que source d’inspiration pour son propriétaire et ses invités.

Jacques revendra cette propriété, le 20 juillet 1925 à Madame Laskine, veuve d’un chirurgien-dentiste à Hyères pour la somme de 92 000 francs. C’est en 1956, que cette dernière la vendra à la Fédération des œuvres laïques et à l’œuvre des pupilles de l’école publique de l’Ardèche. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Jacques Aicard, ornithologue aux Salin de Giraud en Camargue. Marié, sans enfant, il décèdera en 1969.

- Voir lien wikipedia  « Raoul Pictet »

- De l’Académie du Var à l’Académie française (M.B)

- « Jacques Michel Raymond Jean Aicard ou l’impossible amour de Violette et Jean » (A.L)
Jean Aicard notre Ami. Présence 2. Editions valettoises 2004